~ Après chaque assertion philosophique ou tout aphorisme il faut ajouter cinq points d'interrogations, trois d'exclamations et des chiures de suspension à l'infini.

~ Aussitôt qu'on sort du domaine des mots tout s'écroule et lorsqu'on y demeure tout est sans vie.

~ L'amour est une enseigne lumineuse clignotante.

~ L'amour obéit à la loi de l'indétermination on ne peut à la fois en parler et en connaître la nature.

~ Tu incarneras la femmeuse et moi l'ultimathomme.

~ C'est apprendre ou à baiser.

~ Il y a des manques à combler et la pub (l'opium fixant les goûts fiables et vérifiables du peuple, l'aphrodisiaque garantissant la possession totale) crée un espace virtuel où la grisaille du quotidien est occultée par une batterie d'arcs-en-ciel.

~ Notre vie est une perle que chacun de nos pas polit.

~ Les génies n'existent que dans les contes pour enfants.

~ Un cri c'est la vie un corps c'est la mort.

~ Naître c'est pousser un soupir face à un présent indéfini nimbé de futur, et mourir s'engloutir dans l'imparfait.

~ Personne n'échappe aux codes judiciaire et génétique.

~ Tu es un animalaya qui crèvera au sommet de ton érêvereste.

~ J'ai eu recours aux mots comme tout peintre aux formes et couleurs.

~ ANGÈLE : Réglons donc le point trois. Y a-t-il des questions, objections, éclaircissements, errata et autres bébittes secréterriennes ? MOISE : De l'éthique à l'attaque? BARTHÉLÉMY : C'est quoi ta matière forte, Solange ? SIGISMOND : La libidorémifasollasie.

~ D'autres galaxies s'allument avec les cendres de notre semence.

~ On ne croit qu'aux espaces qu'on défriche nous-mêmes entêtés.

~ La pensée : habitude physiologique d'un être dressé.

~ Tout comme l'encéphallus renferme divers computers dont les messages sont à la fois codés et indécodables, constructeurs et destructeurs, de même la parole est éventextuellement mue pas deux forces contradictoires et antagonistes: l'une amoureuse et communicative-attractive, l'autre démagogique et sectaire-répulsive.

~ L'amour dont il est dérisoire de parler parce que le langage ne recèle pas assez de termes incompatibles complémentaires pour décrire tous les corps qui s'atoment et s'aimantent dans leur solitude partagée.

~ Haimez-vous les huns les hôtes hein.

~ Il est prêt à lancer son Larousse dans les orties si je ne suis pas sur le point de lui mijoter une chinoiserie qui fera blêmir ou verdir les alphabêtes friands de ragoût.

~ On ne résout jamais un problème en jouant sur les mots.

~ On s'épuise à courir après des fantômes alors qu'il faudrait tout simplement inventer de nouvelles possibilités.

~ Il tombe des rayons de neige il pleut des lacs il pousse des espaces verts il neige des feuilles.

~ Quand la langue cesse de faire du chichi l'attention se porte du côté du dedans là où l'énergie rit.

~ La porno est une disnélande sexulaïcisée et tautolologisante.

~ Les femmes au ventre les hommes vautour.

~ L'amour est cannibale.

~ Qui trop étreint mal coïte interruptus.

~ Les mots en ismes me font tous frissonner parce qu'ils se prêtent à tous les trucages du discours.

~ La télé, les anovulants et l'électronique, pour ne citer que ces trois exemples, furent une révolution populaire bien plus importante que le marxisme, la psychanalyse, la linguistique, l'existentialisme et le structuralisme réunis.

~ Permettre de voir c'est le pouvoir.

~ La télé comme l'excitant et le valium du peuple.

~ Les mots ont plus de poids que les choses, il est donc tentant de les lier en une suite d'affirmations littéraires esthétiquement intéressantes mais dénuées de toute vérité.

~ La vie: une mosaïque pop qui jamais ne s'abaisse à devenir un motif figuratif.

~ À quoi bon d'épaisses études critiques lorsqu'en quelques vers un poète sait atteindre à l'essentiel : l'amour, le silence, la parole, la mort ?

~ À propos de l'existence : philosophes poètes chanteurs pop mystiques clochards écrivains etc. disent tous la même chose.

~ k.o. dans le chaos.

~ Penser ce n'est pas être.

~ La poésie est la mathématique du langage et de l'existence, le roman en est la physique.

~ On ne peut rien pour autrui sinon l'arracher au quotidien (je suis, donc tu bandes).

~ Le plaisir est rond comme la lune et en bout de course il se fait étoile filante.

~ Le cul c'est dans la tête.

~ La porno apprend l'humilité: une nana qui se fait enfiler par un berger allemand, un bon vieux incroyablement équipé qui monte sa truie, une plotte qui crosse un étalon et en boit le foutre, ça remet l'anthropeau à sa place dans la nature.

~ Ce n'est pas l'existence de la porno qui est scandaleuse mais la reconnaissance et l'acceptation générales de la mécanisation des rapports sociaux.

~ La porno te répugne, et pourtant tu écoutes quotidiennement les nouvelles télévisées et /ou lis les journaux.

~ Me perdre dans les dédales d'une histoire en y entraînant des personnages, non, non, non. Jouir est trop grave et important.

~ Quoique les pisseurs de copie n'aient pas à se déshabiller souligna Nadia, ce à quoi il repartit que Non-non j'en conviens derechef mais plutôt à baliverner, si bien qu'enclin à effeuiller des poupées flambant nues je fis des gorges chaudes du roman qui se livre au premier venu.

~ C'est peut-être ça la littérature: des histoires à jouir debout assise dans un lazy-girl en cuir les larmes aux yeux, une consolation une parenthèse un clin d'œil, la vérification expérimentale de l'irréalité de l'existence.

~ Lubies et phantasmes se faufilent par le chas de l'oisiveté.

~ Nul n'arrose plates-bandes pelouse taillis myosotis et haies sans songer aux délys de l'amour.

~ On préfère plutôt regarder les fleurs pousser que d'être jardinier.

~ La pureté de la pensée confrontée au grouillement de l'histoire, c'est une belle fable mâle. Je ne sais si les femmes gouverneraient de façon plus humaine, je constate simplement que l'histoire est inhumaine parce que, entre autres raisons, les femmes en ont été écartées et n'y ont jamais pris la parole.

~ Depuis toujours donc et quelles que soient les prémisses culturelles et ontologiques, l'esprit est dénié à la femme, à qui, depuis l'enseignement des Pères de l'Église et la propagation populaire du dualisme cartésien et en contradiction avec la sensibilité grecque, l'on réserve la beauté.

~ Que peut la beauté : un rempart contre la barbarie.

~ Splendide à couper le souffle d'un ouragan.

~ Mais quelle fantaisie pourrait encore nous soulever là où l'idée de dieu a échoué ?

~ Seuls les mots sont aptes à rendre compte du rien.

~ La flagellation trouve sa place dans la progression vers la sainteté, pourquoi pas dans la sexualité.

~ Quiconque Le cherche Le trouve, car personne ne saurait tourner en rond autour de Lui puisque Son centre est partout.

~ Transcendance : nostalgie d'une absence.

~ La pensée humaine, capable de prouver logiquement l'existence de dieu, envoie par les croisades des centaines de milliers d'hommes à l'hécatombe.

~ Des missels et des missiles encombrent la nef.

~ Les roseaux pensants finissent en marchands d'armements ou en paniers percés et sous le boisseau s'accumulent les pétards mouillés.

~ En quoi est-il possible de croire. Sans être ridicule.

~ Il n'existe pas, donc je suis.

~ Nous sommes des minables pris dans l'engrenage et aucun de nous n'a jamais vu la roue.

~ Quarante millions d'hommes et de femmes sacrifié-e-s à la rationalité nazie, quarante autres millions décapité-e-s par la faux et le marteau, vingt millions de Chinois-es égorgé-e-s pour faire la publicité d'un petit livre rouge : l'homo sapiens est une espèce dégénérée. Il n'y a pas de mots : l'inhumanité la sauvagerie l'animalité.

~ Quelle oeuvre pourrait se colleter avec la Bêtise partout galopante.

~ La musique rachète l'homme.

~ Les pionniers de la pub (éclairés par les règles de l'apprentissage chez les souris) avaient pigé que l'acheteur n'est qu'un caniche friand de susucre et que n'importe quel stimulus peut à la longue provoquer un réflexe de jouissance. À tout bout de champ les bienfaits du shopping sont exaltés et martelés à coups d'annonces idylliques — mais un clip isolé ne signifie rien en soi et il n'a d'autre message que ce déferlement même qui engendre le mirage d'un bonheur proportionnel au nombre de massages subis.

~ Les choses nous détachent de l'amour.

~ De par leur adulation des mécanismes du libre-échange, la pub et la pute ont partie liée.

~ La prostitué est une épouse à temps partiel, tant pis pour celles à temps plein.

~ L'époux vantard l'épouvantail.

~ Louches l'amour et le cul, les playboys playgirls préfèrent butiner draguer se caser, les marié/e/s accoté/e/s s'aimer se tromper se séparer, les célibataires braconner rêver.

~ J'ignore encore la différence entre l'amour et le dé.

~ La pub c'est un argus dévorant des yeux le troupeau à qui des pacages toujours verts ont été promis.

~ De même la Bible (ce florilège d'allégories orientales révisées par des pharisiens gréco-chrétiens) n'est-elle pas l'un des premiers almanachs visant à manipuler les masses: elle est bourrée de truismes qui réconfortent les simples d'esprit en mal de directives.

~ Sans dissidents la fraternité manque de mordant.

~ La morale est une éthique des corps pris pour autre chose que ce qu'ils sont.

~ Le boxeur de couleur n'est que la représentation angoissée de l'imagination malade de l'homme blanc.

~ Pour les riches il y a le ballet et pour les pauvres les contorsions de la rue.

~ Aucune des grandes questions métaphysiques ne pouvant être démontrée ou résolue, il suffit à n'importe qui d'être assez sophiste pour en quelques centaines de pages prouver n'importe quoi.

~ Les réponses aux vraies énigmes étant par essence sans fondement elles semblent toutes corrompues par le bacille du préjugé.

~ La naissance de la philo à l'époque où zeus d'hélas était le roi est la moins grave de toutes les infirmythés provoquées par la création de l'alphabête.

~ La sagesse se refuse à qui ne sait écouter.

~ Les confessions m'ont toujours ennuyé. On y arrange trop la vérité.

~ Tous les livres forment un grand texte inachevable formé dans le matériau de toutes les paroles possibles: ils visent une totalité dont chaque oeuvre particulière représente un infime fragment. Ainsi aucune oeuvre ne peut résumer ou refléter la réalité (comme ils disent!): un texte fictif, c'est un clin d'œil, l'étincelle jaillie pendant une seconde de distraction de l'histoire. Il me sourit beaucoup de penser que chaque nouvelle création n'est dans ces conditions qu'une portée ou un paragraphe ajoutés à l'œuvre ou au livre, i.e. à une réalité étrange, débordante, jamais fermée.

~ Le passé, on le comprend toujours trop tard et il est facile, lorsqu'il s'est évanoui, de le toiser avec une mesure qui n'était pas la sienne.

~ Mon éthique est de bout en bout provisoire.

~ Il se peut fort bien que écrire/lire soit une façon d'occulter, par des déplacements inévitables qui mettent en relief la tricherie essentielle sur laquelle elle s'est constituée, la part de vrai que contient toute parole.

~ À l'époque il était beaucoup question d'amour libre — comme si l'amour pouvait exister autrement que dans la liberté.

~ L'amour heureux ça ennuie.

~ L'amour est peut-être un canevas sur lequel toutes les couleurs et nuances du désir se fondent dans le brasier de la vénération — mais les rites et les mythes qui l'entourent agacent car tout un chacun s'évertue à faire monter le prix des enchères et en rajoute au gré des enchantements de la nuit.

~ Une liaison sans queue mais avec tête voilà quelque chose de nouveau.

~ Être femme et consciente sur cette planète signifie vivre dans un perpétuel état de révolte.

~ L'indignation règne au sérail. Les houris offusquées réclament que la nana blanche se convertisse à l'Islâme et qu'elle soit excisée. Béatrice garde son calme et sur les conseils de son psychanalyste explique à Mahomet que malgré tout le respect qu'elle ressent pour le seul Dieu grand et bon elle n'est pas disposée à se départir de son clito. Le sultan la fait tirer au sort et l'informe qu'il appartiendra à son époux d'effectuer l'opération qui fera d'elle une génisse exemplaire.

~ Les larmes sont la seule réponse possible à un tas de questions.

~ A travers les larmes on voit drôlement mieux qu'à la loupe ou avec des jumelles.

~ La santé, c'est l'état de grâce caduque qui fait oublier qu'on est depuis notre naissance en péril.

~ Aurez-vous le courage de reconnaître que la philo est un amusement superficiel, comparé à ce qui est en jeu dans la poésie.

~ Le langage aplatit la spirale corresprit.

~ Comment mieux comprendre la distinction entre substance étendue et substance pensante qu'en comparant le sperme éjaculé à la conscience du plaisir ?

~ Que dire du cul. C'est pas l'amer à boire.

~ La bouche de l'existence, c'est la naissance, son anus la mort. Entre les deux, il s'agit de bien digérer.

~ Le but de chaque esprit, il me semble, consiste dans le quadrillage du lieu où il respire le mieux. Celui ou celle qui n'arrive pas à cette connaissance perd son temps et son âme.

~ Il y a deux types d'écrivants : les zozos qui pondent des scénarios bien léchés suivant un commode d'emploi et les zigotos qui accablés tiraillés déchirés vont de par des parchemins qu'ils doivent défricher en tâtonnant.

~ Seules importent les vérités qu'on (re)découvre soi-même.

~ Les sciences, rendues possibles par la métaphysique, filles de la rationalité grecque, réalisent en s'affranchissant d'elle le projet initial de la philosophie.

~ La science et la technologie ne peuvent répondre aux questions fondamentales de l'existence.

~ La science reste sur le plancher des vaches, la conscience questionne les fondements du plancher et la nature de la vache.

~ La réalité est trop banale pour y consacrer le peu de temps qu'on a.

~ Le créateur: celui qui a conquis le privilège de la vision. Il voit autrement, il discerne autre chose, il perçoit l'invisible.

~ Méditer sur les fondements narcisso-puérils de la volonté d'éparpiller des bambins sur la terre.

~ L'homme n'est pas un être rationnel, un roseau pensant, un singe doué de langage; ou en tout cas sa rationalité est neutralisée par une forte dose de cruauté, de férocité, de bêtise et de barbarie.

~ Tous les individus sont égaux devant un chimpanzé qui se pourlèche les babines en ajustant sa casquette.

~ Dix minutes de nouvelles télévisées ou un documentaire sur l'un des holocaustes de ce siècle invalident tous les traités d'éthique cogités depuis l'invention de l'alphabet. L'homo sapiens et démentiel est un bouffon écartelé entre des pulsions contradictoires et il camoufle sa vraie nature sous le babillage — ce fossé entre ses aspirations et ses actions le définit et il finira par s'y abîmer.

~ Nous sommes tous plus ou moins amochés, il faut apprendre à se panser soi-même.

~ Il y a plus d'idées que d'étoiles et nous ne sommes pas heureux.

~ Les idées sont comme les âmes: fragiles et éternelles.

~ L'homme s'avère incapable de toujours coordonner ses impulsions à sa logique; conséquemment, préjugés (mythologiques, religieux, idéologiques, nationalistes, pseudo-scientifiques, etc.) et analyse logique se font souvent la guerre.

~ Rationalité: garde-fou pour des somas désemparés.

~ L'histoire ressemble à un carrousel qui tourne un peu au hasard et où les étalons moraux ou épistémologiques ne trouvent aucune application.

~ La science, et cela n'est pas aussi paradoxal qu'il le semble à première vue, est la seule antidote en mesure de nous sauver.

~ Les nationalismes ne seront jetés aux orties, les industriels ne prendront des vacances et les militaires leur retraite, les banquiers ne s'occuperont des seuls intérêts humains que lorsque toutes les sociétés jouiront d'un niveau de vie semblable. Et cela seule la science peut le garantir.

~ L'amour, consolateur ou aveuglant, n'a aucune incidence sociale; le malheur, organisé ou contingent, est omniprésent.

~ Nous sommes irrévocablement poussés vers l'avant « comme si » le futur devait déverser sur nous toujours et inépuisablement ses richesses.

~ La vie n'est pas une structure épistémologique, elle est une énigme éclatée dont le désordre cohérent ne peut être analysé par quelque morale quantique que ce soit.

~ On avale du non-sens on chie du sens.

~ Enseigner, c'est qu'on le veuille ou non opprimer, c'est plier ou rompre, par la persuasion ou la douceur, des volontés.

~ Nous sommes tous manipulés dès le berceau — on parle différemment à un nourrisson mâle ou femelle.

~ La nature est décodée mais l'homme n'hésite pas à se discréditer en utilisant la connaissance des codes pour l'achèvement de desseins abominables.

~ Otto Hahn regrette. Einstein est pris d'effroi. Pour la forme. Car ils savent bien que la science n'est pas une aventure individuelle.

~ Les lois de l'univers sont une simple construction d'une partie du cerveau, alors que les hommes et les sociétés obéissent davantage à leurs passions et à leurs préjugés.

~ Le monde est perceptible rationnellement mais l'homme lui ressemble plutôt à un fou qui fait sauter tous les paramètres.

~ Les centaines de millions de cadavres enterrés dans les annales empuantissent le présent et je ne m'étonne plus que l'Histoire soit une suite de fléaux et désastres planifiés qui s'abattent sur la race animale pensant par intermittence.

~ L'homme oscille entre une primitivité mi-sauvage et la conscience intellectuelle la plus raffinée.

~ La sagesse et la folie dorment dans le même berceau.

~ Votre sagesse veut ordonner tous les faits du monde et plus ça floppe plus vous vous acharnez, plus vous écrivez de savants bouquins.

~ L'utopie à laquelle je crois n'appartient pas au domaine de la rêverie politique: elle relève d'une volonté techno-humaniste.

~ Notre avenir dépend non de la science politique mais d'une politique de la science.

~ Parler, c'est du vol à l'étalage des mots.

~ D'un point de vue plus quotidien, il me semble que la femme ne s'exalte pas, comme l'homme, face à la mort. Parce qu'elle donne vie, elle accepte aussi la mort.

~ Il faut miner peu à peu les fondements mâlins du savoir, repérer dans chaque science les prémisses sexualisées et phallocrates, fonder un savoir de/sur la femme.

~ L'amour est une fiction écrite à quatre mains.

~ L'esprit aime se diluer dans le mystère des sensations pour tenter de les enfermer dans les pièges de son désir limitatif.

~ Quant à l'eau sous les ponts, on ne peut la couper qu'en s'y jetant.

~ L'amour n'est pas là pour résoudre les problèmes de l'univers mais seulement pour que deux personnes se sentent mieux dans leur peau.

~ La vie est une avenue à deux voies.

~ Le fondement du discours métaphysique est la mort et celui de l'acte créateur la perversité.

~ La philosophie est répétition, toujours, balbutiements ennuyeux ou péroraisons brillantes sur le passé. Elle ne peut appréhender que ce qui a été, non ce qui est.

~ À la vérité de la science, répond, il me semble, la véridicité de l'art.

~ Les secrets et mystères sont des détails que ceux qui manquent d'imagination se plaisent à exagérer.

~ Écoute seulement les larmes qui chantent entre les lignes. Écoute, c'est la seule musique à laquelle le coeur est sensible. C'est la source de toute musique.

~ Les vrais inadaptés n'écrivent pas. La culture ne retient que les expériences mitoyennes mises en mots.

~ Un grand amour porte à la perfection une seule perversion.

~ Tout énoncé est vrai.

~ Écrire à cause d'une inaptitude à vivre comme tout le monde. L'écriture n'est pas une fuite mais le lieu où s'affirme (et s'amplifie?) une différence irréductible.

~ Dans le domaine des idées le changement ça n'existe pas. Il n'y a que des déplacements glissements substitutions.

~ L'art le savoir la science: des modèles délirant sur la réalité ou l'approchant.

~ La génétique (mutations physio-chimiques) et la physique (mutations technologiques) illustrent l'insignifiance du concept de nature.

~ La nature n'est qu'un terme abstrait recouvrant tout un ensemble de phénomènes interprétés par l'homme

~ Ne croit en rien celui qui se place au centre du monde et n'attend rien de ceux et celles qui s'agitent sur les pourtours de sa circonférence.

~ L'univers obéit à des lois mécaniques immuables. L'animal à un code instinctuel. Par l'esprit l'homme échappe en partie à ces deux déterminismes: il n'est donc pas adapté à la vie.

~ L'idéologie : un problème démographique. Les intellectuels se multipliant il faut trouver de nouveaux champs de connaissance.

~ L'homme est une « erreur » dans le mécanisme de l'évolution, comme il y en eut des centaines de milliers d'autres, une de ces apparitions farfelues dont la nature dans sa prolixité sans bornes s'est payé et se paiera le luxe.

~ La vie c'est le pet de la matière.

~ Naître suivi ou précédé de pas.

~ La naissance est un non-sens exquis que l'aventure des sens rend plus dense.

~ Le surhomme: être narquois qui ayant épuisé par la pensée diverses possibilités qui s'offraient à lui ne voit de sens nulle part si ce n'est dans le mouvement arbitraire de sa vie.

~ Comment trouver une équation acceptable entre l'opacité de la parole et la luminosité du silence.

~ Celui qui vit dans l'imaginaire partage plusieurs vies, une seule lui échappe: la sienne.

~ Pas de normes tout est normal.

~ Écrire, c'est la manière la plus ostentatoire de garder silence — c'est caresser l'espoir qu'un chapelet de mots puisse déboucher sur une parole vraie et ne se résume pas à un mode d'emploi ou à un collage de notices et de tuyaux.

~ Parler : succédané du silence.

~ La très grande majorité des individus sont laids. Se peut-il que les grecs aient eu raison.

~ L'existence précède l'essence = l'homme est malléable à volonté.

~ La bouche comme l'archétype du trou. Les trous de l'existence ça se colmate avec des mots.

~ L'existence: la recherche du trou le plus parfait.

~ Moins on parle plus on se sent insignifiant. Le silence confronte l'être à sa nullité. Le langage comme nécessité physiologique.

~ Le féminisme : le meurtre de la mère. D'où les attaques dont il est l'objet.

~ Puisque toute idéologie (= opinion) est intenable you may as well laugh.

~ Pensée à froid dans la distance: scepticisme.

~ Les problèmes éthico-existentiels appartiennent à la sphère de l'insoluble : il ne faut pas se surprendre si on y exhibe un air fanfaron ou une gueule sceptique.

~ Le plaisir du texte a été évincé par le désir du sexe et que la mission des écrivains consiste à les réconcilier.

~ Les révolutions politiques nous ont dotés de goulags. La révolution sexuelle de sex-shops.

~ Un film porno t'en apprend plus sur le cul que tous les livres de sexologie réunis.

~ Multiplier les faux pas accumuler les traces.

~ La différence entre être et disparaître est marquée par trente-trois points de suture comme autant de points de suspension.

~ La Loto des gènes jour après jours produit des chefs-d'œuvre.

~ Les voies du ciel sont étranges et celles de la chimie ne le sont pas moins.

~ Les hommes adorent le veau d'or et se contentent de l'oripeau du plaisir.

~ L'or n'est qu'un obstacle à l'épanouissement et à la paix du cœur.

~ La lamentation est le recours des lâches.

~ La gloire et les millions ne peuvent consoler de la jeunesse à jamais envolée.

~ Les jours sont une mesure quantifiable convertible en actions.

~ La roue fait fi de notre jemoi, elle presse notre citron et distille des apéritifs pour hommes d'affaires.

~ Il est illusoire de chercher à mystifier la chair, en l'instrumentalisant on coupe à la source le contact émotif.

~ La sérénité réside toujours à fleur de peau.

~ Lorsque la beauté en est réduite à s'éreinter dans un bordel de luxe l'univers peut se faire la peau.

~ La mémoire est aussi une affaire de peau.

~ Le temps brasille entre parenthèses.

~ L'horizon est bouché à l'émeri et du sol poussent des lampadaires occupés à se mirer dans un point d'interrogation.

~ Tu seras écrivain si les corps importent davantage pour toi que les idées, philosophe si l'inverse.

~ Pas de connaissance de soi qui ne passe par le corps.

~ Les femmes excellent à se raconter, observatrices perspicaces proches de leur corps.

~ Le corps se prête à toutes les philosophies, il demeure le même pour toutes les idéologies.

~ Comment peux-tu prendre l'amour au sérieux lorsqu'on tombe amoureux précisément de toi.

~ L'érotisme ou le solipsisme partagé.

~ come unique/comme nique : anna tommy cum parée.

~ Les religions les mythologies se distinguent entre autres par la place qu'elles accordent au corps et la destinée qu'elles lui réservent.

~ La répulsion inspirée par un corps est ancrée dans ce qui ne le définit pas comme corps.

~ Entre la stratégie de la séduction et les archives de la déception l'amour balance: comme la philosophie nietzschéenne.

~ Un porno tourne au kitsch lorsqu'il puise dans la panoplie des films d'amour.

~ Cette société serait plus tolérable si la télé diffusait davantage de film pornos et moins de téléromans.

~ La détermination sexuelle et la mort = les deux seuls péchés originels contre la chair.

~ Le mariage moderne ce croisement entre le roman-photo et la comédie porno.

~ Les peintres sont les évadés du mot.

~ Tout est lié: la photo la publicité la porno la télé la mode le vidéo le cinéma, tous les lieux du discours visuel. La peinture couronne ces arts supposément mineurs: s'il n'y a pas de tableaux typiquement féministes c'est que les femmes sont à la lettre maquillées.

~ Si la peinture est le plus mâle des arts serait-ce parce qu'elle est piégée par l'oeil.

~ L'alcool est un expédient masculin: seules les femmes sous le joug des valeurs mâlines y ont recours.

~ Seule l'incrédulité perce l'écran blindé des heures et des jours.

~ L'histoire moulin à broyer l'espoir, procession de rapaces répugnants et inclassables.

~ Les hommes dissertent froidement et quand ils ne parviennent pas à s'entendre ils s'emballent et font la guerre.

~ Je préfère l'arme de la salive aux larmes. Je me débrouille tout seul dans les remous et ressacs de l'art — l'écriture est un remue-méninges dans un verre d'eau et tout bonnement j'écope.

~ Hitler Staline Mao, l'hypostase des trois angles du pouvoir.

~ Existe-t-il un lien entre la quiétude de la raison et la banalité du mal: bien sûr, l'économie l'intériorité la conjoncture historique.

~ Ou bien les hommes ne sont pas dignes de leur Créateur ou bien Jahvé est un fumier s'il ne les a pas désavoué-e-s.

~ La conscience fabrique-t-elle du temps pour se gonfler de l'illusion qu'elle est impliquée dans une entreprise signifiante, l'histoire dans ce cas appartient elle aussi à la fiction de la durée.

~ Une difformité c'est une souffrance morale matérialisée.

~ C'est en épiant les membres de sa communauté et les ouailles du couvent dont il était le directeur spirituel qu'il avait délaissé ses recherches en théologie et en était venu au freudisme.

~ La négation séculaire de la chair inhérente au catholicisme est liée à la répugnance de corps considéré comme un étron.

~ À l'ère de la docimologie la boucle est bouclée : Platon vous approchait comme de beaux corps spirituels avec lesquels il faut tisser des liens, la pédagogie moderne vous traite comme des corps-machines informatisables, votre savoir ne vaut qu'en tant qu'il est mesurable et quantifiable.

~ Dès l'âge de treize ans il en connaissait tellement en jeux vidéo qu'il détenait la présidence du club de sciences de l'école secondaire qu'il fréquentait.

~ Chaque système éducationnel vaut par la cohérence de ses imperfections, la vacuité de ses fables, l'étroitesse de ses mensonges, la médiocrité de ses fonctionnaires.

~ Il y a des profs que nous admirons mais y en a-t-il un seul qui nous émerveille.

~ La pédagogie n'est qu'une des modalités de l'asservissement, toute éducation qui ne faillit pas est un échec.

~ Les femmes sont davantage en mesure de fonder la pédagogie de l'avenir et de garantir aux élèves de demain une éducation adéquate aux défis qui les attendent.

~ L'anthropeau aime bien sauter toutes griffes dehors sur l'utopie du sens ou le stimulant de la tricherie.

~ Là où il y a désir il y a nécessairement des mots pour combler le vide: est-on le prostitué de son je ou le jouet de son besoin ou simplement un clown.

~ Qui baise mal châtie bien.

~ Les relations chips frénétiquement croustillantes ne demeurent pas éternellement fraîches dans leur emballage d'aluminium.

~ Nous partageons les préjugés communs mais par le recours au jargon ou au beau langage savons leur donner l'apparat de certitudes éprouvées.

~ Seule l'ironie permet de survivre, la raillerie la dérision.

~ Quoi de plus révélateur voire romanesque qu'une cour: mettre à nu à travers la reconstitution d'un crime la structure d'un caractère et d'une action.

~ À la longue on joue de plus en plus mal le rôle qu'on s'est octroyé.

~ La fragilité et les contradictions de la relation amoureuse classique proviennent du fait qu'elle est calquée sur le rapport frère-soeur, tandis que c'est seulement en analysant le lien soeur-soeur que côté cœur les femmes verront plus clair.

~ Toute route qui mène quelque part est mensongère.

~ Si le droit exige une intelligence exhaustive de la réalité sociale c'est que la jurisprudence est à l'État ce que l'éthique est au royaume du Christ: d'une part la codification des conditions de coexistence ici-bas, d'autre part la révélation des directives permettant d'accéder à la vie éternelle dans l'au-delà.

~ Seuls les mots font mouche mais un revers de la main suffit pour les écrabouiller.

~ Décrire ce qui a été c'est défaire le réel sans relief et faire de la fiction sans corps: trahir mentir.

~ L'essentiel gît en dehors du langage et les mots ne peuvent le cerner.

~ Désorienter : dé sort orient ris os or et rien, bref le grand hallali tous azimuts.

~ L'œil: le plus souple des sens, le plus social, le plus conformiste.

~ Écrire: une plume griffant le silex de la mort.

~ Mais pourquoi pensent-ils-elles si fort et créent-ils-elles si peu et pourquoi pensent-ils-elles si peu et crient-ils-elles si fort.

~ L'amour n'est peut-être que cette gauche tentative d'occulter par d'adroits subterfuges toutes ces ampoules trop vives qui brûlent au fond des plaies purulentes.

~ Lorsque l'esprit broie du noir il se rassure très vite en forgeant des explications sans fondement.

~ La culture s'est chargée de régler les errances du corps. Pas d'amour seulement des corps.

~ Les deux zones érogènes de la porno: le corps entier de la femme et le phallus.

~ Le focus se braque sur le phallus parce que l'éjaculation est la preuve irréfoutrable de.

~ Les idées claires ne correspondent pas à l'ordre des choses.

~ Ce qui ne ressemble à rien n'existe pas.

~ Écrire pour comprendre. Ne pas encaisser silencieux.

~ Entrouvrir la bouche c'est se trahir.

~ L'écriture construit des modèles des maquettes du réel.

~ Oui, n'est-ce pas cela la littérature: un cercle discontinu, un texte inspiré de milliers d'autres, un fragment arraché par mimétisme, plagiat, ruse, méditation, etc., à la tradition de l'art, à la censure de l'inconscient et à l'oblitération du temps; quelques milliards de phrases découpées dans le tissu inépuisable de toutes les langues, quelques millions de paragraphes fondus par le feu du travail et coulés dans le moule d'une trame éprouvée, puis tordus ciselés biaisés décentrés, afin de leur donner un air d'apparat?

~ Nous nous troussons seulement dans les mots.

~ Il faudrait écrire avec un vocabulaire de deux mille mots maximal. Ecrire comme on parle. Oui écrire comme on vit sans ajouter de mots.

~ Un journal c'est tout juste pour s'inventer des souvenirs.

~ L'amour est un succédamné édulcoré de foi.

~ Il n'y a d'amour qu'en pagaye et sa majesté réside dans les manœuvres sublimes employées pour en étouffer les ratées.

~ L'amour c'est un pouvoir en forme de trou et ça se colmate avec des mots.

~ Il faut saluer bien haut l'invention de la photographie parce que en nous mettant le passé sous les yeux elle nous donne l'occasion de nous ridiculiser.

~ Les sanglots rendent profonds et les plus désespérés sont les chants les plus beaux.

~ L'amour est une invention pour faire mousser la vente des romans.

~ Plus facile de mentir d'être vrai par lettres.

~ Chaque lettre un jalon vers la fin.

~ Toute connaissance est aussi souffrance.

~ L'ignorance savante est supérieure au savoir ignare.

~ Ecrire c'est se sculpter dans l'apesanteur un navet spatial.

~ Ca coûte pas cher les mots (ces grues métaphysiques enfarguées) sont des plumes d'oie (sillon) emportés par le vent d'autant.

~ Les proustiens bénéficient sans doute dans la vie d'un certain avantage.

~ C'est écrit dans un livre à la bibliothèque pendant des millions d'années il y avait des millions d'animots et avant l'homme il y avait des singepensées qui te ressemblaient.

~ La vérité n'existe pas sans humour.

~ Si Bouddha avait été Ricain il aurait été encore plus fat.

~ L'âme s'avilit si elle pactise avec ici-bas.

~ Odile-Andréas ouvrit les bras et Clara s'y lova: sous les jupes d'une femme tout est beau sain paisible. Là elle n'a plus à pomponner ses mots et à obéir aux règles du masc: mentir argumenter séduire contrôler. Là elle peut se laisser aller à épeler le féminin de la corps.

~ Les sexes se cherchent une langue.

~ La bouche l'anus la vagin forment une pornotrinité, le phallus l'hypostasie.

~ On ne peut vivre qu'en accord avec certaines justifications chambranlantes et contradictoires qu'on s'est forgées au hasard.

~ On vit le plus souvent dans le gris oui on s'en étonne de moins en moins.

~ Autour des paroles une frange charnelle confusion.

~ Les mots n'ajoutent ni ne retranchent rien.

~ On est une série d'instants sensations impressions.

~ Les transports du moi tout pénétré de ses émois.

~ Atlas croyait au sens du monde on a appris à déraper capoter.

~ En exil partout chez soi.

~ On distend la présence jusqu'à être le décalque de nos corps.

~ Des mots comme fumées odorantes biotropismes visqueux empêtrés dans la poix du cerveau.

~ Vidée en apparence de tout futur coulant au royaume du calcium on avance dans l'histoire. On déchiffre sur notre chair les rouleaux historiographiques que nos frères aux limites de l'espace-temps en deçà des confins inavouables d'une main patiente ont ébauchés.

~ Dans la blancheur sélénique de la mort on partage la certitude du minéral hors de notre défroque de chair.

~ La douleur distille des vers envoûtants et des sentences d'outre-tombe.

~ On glisse sur la surface des secondes qui s'écoulent de nous et nous dépouillent avant de nous laisser entrer dans le palais de l'oubli où des trouvères bercent nos yeux de leur chant calme avant de les refiler à des éfrits qui déversent de la clarté sur les choses pour les démêler jusqu'à ce que épuisés vides ils baignent en quarantaine dans nos orbites blanches d'où on les chasse pour les enchâsser dans les orbites du temps des choses diurnes échappées à la nuit blanche d'où vides on émerge.

~ Forger une phrase sur laquelle s'empaler.

~ Le brouillard c'est la sieste de l'univers.

~ Il y a tant de printemps en musique.

~ La musique comme la lumière dans l'eau.

~ Le silence me fait mal, il est sans pitié plus cruel que la musique.

~ L'essence de la peinture et de l'érotisme qui est le voyeurisme.

~ Oser parler sur la musique (ou sur la peinture) excite le rire des dieux.

~ L'homme supplie les dieux sont calmes.

~ Une meule de fromage demeure sourde aux compliments des souris.

~ Les associations superficielles sont un signe dont il faut prendre note parce qu'elles renvoient à des propriétés plus essentielles secrètes magiques.

~ Les objets se rient des termes lumineux inventés par l'esprit du jour.

~ En dehors des idées, c'est le silence.

~ La monotonie de la vie hivernale à la campagne atteint parfois le sublime.

~ A quoi bon des distances lorsque le seuil du non-retour est franchi.

~ Là où le nombril intemporel des choses contemple l'oeil permanent de l'absence s'agite en cette seconde la plénitude du placenta universel.

~ Notre chair se contracte au creux du nid notre œil extasié par le beau red shift psychélique pleure notre étroite parenté avec ces êtres dispersés qui aux confins des chambres extra-galactiques fuient l'espace de notre séjour.

~ Fils de coups de dés hasardeux nous embaumons monère notre ancêtre hypothétique.

~ Les poussières cosmiques de la mémoire s'émeuvent tant il est vrai que le monde n'a pas d'âge et que l'instant est éternel et provisoire.

~ On est des continents à la dérive la seconde qui vient ne viendra pas.

~ Le futur ne compte que vingt-quatre heures.

~ La roue de la mort chante coucou à toutes les intersections.

~ Sur cette terraqué nôtre c'est la grande loterie la kermesse impitoyable.

~ L'anéantissement de tous les mondes équivaut au soupir d'une orchidée.

~ L'univers est résumé dans un trognon de pomme.

~ Les rails de la sagesse ne communiquent pas avec la gare de la folie libératrice et vivre un corps signifie faire éclater toute conception étroite du savoir.

~ Peut-être est-on les fourmis de quelque géant invisible.

~ La folie libératrice est la perturbation du contact critique de soi à soi et de soi au monde, l'éclatement de la logique de ce contact. Celui qui a franchi cette étape ne peut que créer à coups d'actes audacieux sa propre logique.

~ Etre vivant est multiple ambigu, sans frontières, insaisissable, désordonné, inclassifiable, sans loi.

~ Écrire c'est défier la durée et se perdre dans un lacis de tranchées en cafouillant.

~ Parler pour être au chaud.

~ Le passé : Est-il jamais autre chose qu'un prétexte dont se saisit le présent pour affirmer le monopole de sa puissance ?

~ Le monde des lettres est régi par une coterie de poulettes et de chapons jacasseurs qui sont prêts à toutes les manoeuvres pour attirer l'attention sur leurs bluettes.

~ Non seulement s'encensèrent-ils sans vergogne tout au long de cette émission (m'as-tu vu m'as-tu lu) mais ils poussèrent aussi la farce jusqu'à convoquer leurs inconditionnels claqueurs à la barre des témoins — ces trois éminences bagoutantes se lissaient les fanons au bord de l'extase et célébraient La luxuriance d'un imaginaire apte à relever les challenges de la création en cette fin de millénaire fertile en conquêtes et en catastrophes: oui les chantres de la parole se devaient de répondre en toute bonne foi aux attentes du lecteur (achète-moi et tu seras racheté) dans des romans à la fois accessibles et bien ficelés.

~ Le néant c'est la télé avec tout son cortège de marionnettes papotant et pérorant à pleins tubes.

~ Vous êtes l'image floue et déformée des discours débiles dont vous avez été gavé-e-s.

~ Auto coca loto, onguents mirifiques et céréales vitaminées, salamis macaronis tutti frutti: pétillante ou insipide l'image enjôle et chaque produit n'est qu'une pièce du casse-tête représentant un eldorado où le miel coule à flots.

~ La tyrannie de la réclame: le marché des apparences.

~ Dans les choses l'homme ne peut que se perdre et se disperser.

~ Le désir gambade parfois peut-être dans les prés de la subversion, trop souvent cependant il fait la belle dans les jardins du pouvoir.

~ Qui n'a jamais sablé la limonade viciée de son siècle.

~ Désir: un terme d'impuissance.

~ Révolte: un terme d'illuminé.

~ La contre-culture est naïve.

~ La mode change, le cul demeure.

~ Vos engouements épisodiques se résument à d'éphémères modes colorées régies par les mass-média.

~ Les grandes questions (évacuées par les équations de la physique) relèvent le menu des talk-shows et se règlent entre deux pauses publicitaires.

~ La mission de l'écrivain sur le qui-vive a toujours été de dénoncer les apparences et d'éclairer les hommes vautrés dans l'illusion.

~ La prostitution est la forme du péché bourgeois, le pipe-chaud l'incarnation du voyeurisme prolo, la porno la routine de la consommation de masse.

~ Lorsqu'une bagnole fait saliver et qu'une boniche suscite le besoin d'un soda ou d'un sofa ou d'une galette de soya, le pari est gagné. La même langue lèche le goulot d'une pinte de bourbon aussi goulûment qu'une pine en gros plan et le spot met dans le mille qui associe le plaisir à n'importe quel autre produit s'insinuant dans le champ de perception du voyant: sur le seuil de l'Éden les pupilles ne se dilatent que si la tapée de marchandises étalées regorge de connotations sexuelles à toutes les sauces.

~ L'érotisme n'a rien à voir avec le cul.

~ Le cul comme un échange de procédés plus ou moins déloyaux entre gibiers de potence partageant les mêmes desseins biologiques, conjugaux, financiers ou esthétiques.

~ Il y a dans la porno tout juste ce qui se trouve déjà dans ton oeil, ainsi d'un roman.

~ Écœuré par la barbarie de son époque et par les haches de guerre disséminées tout au long des siècles il n'a donc jamais été tenté de prendre au sérieux cette boutade d'après laquelle l'homme habite la terre en poète.

~ Les dieux s'exténuent en carnages ou ripailles et les belles âmes sont bouleversées par les miracles de l'art.

~ Le monde suit son cours logique et Gâââd ne possède plus assez d'énergie pour mettre de l'ordre dans Sa porcherie.

~ Où l'Allemagne cette nation mélomane et idéaliste avait-elle puisé une science si rigoureuse de la cruauté: dans l'impératif catégorique peut-être.

~ La pure raison est plus sanguinaire que la déraison car celle-ci est un fouillis bon enfant alors que celle-là tend au tranchant.

~ Un texte, c'est une roue dentelée emboîtée sur des milliers d'autres et ce depuis des siècles, depuis que les signes imprimés prolifèrent. L'auteur, dans ces conditions, ne signifie rien, pas plus que le texte d'ailleurs: vus de l'extérieur, ils sont tous deux le produit d'un processus étrange, voire d'un leurre, dont la fonction est d'associer, à des fins de management culturel, un nom à quelques pages de papier. Mais de l'intérieur c'est tout autre chose qui est en jeu: le texte, n'est-ce pas une chance inouïe offerte à la gratuité ludique, un espace vierge où le luxe de l'improductif et de l'asignifiant peut se déployer; un lieu de liberté où un imaginaire tente d'échapper par et pour le plaisir au quotidien, à la limite, à l'ordre.

~ Toutes nos phrases sont dictées par les nécessités et les illusions de notre situation concrète.

~ On ne peut rien dire on ne peut que décrire notre façon de vivre et encore c'est trop les imbéciles pourraient croire qu'on la propose en modèle.

~ Le sexe n'a pas de cœur et il n'en fait qu'à sa tête.

~ La bouche l'anus le vagin forment une pornotrinité, le phallus l'hypostasie.

~ Par l'écriture il se mue en apprenti sorcier se bricolant un autre moi avec les débris d'un puzzle auquel il manque des pièces

~ Les arbres sont des vestiges d'une autre époque, des taches sur l'uniforme cendreux du ciment.

~ La sagesse Socrate l'a peut-être trouvée dans l'intestin d'Alcibiade. Mais je vis à l'âge du ciment, du verre, du plastique et de l'électronique. Vous rêvez à la sagesse, benoîtement assise sur un baril de poudre atomique, le clitoris agacé par un slip en soi synthétique (le vert pomme évaporé-adamiste j'espère), un godemichet mass-médial bourré de livres, de sons et d'images dans le grand cul. Enfoncés l'un dans l'autre dans la folie moderne, il ne vous appartient pas de décider comment je dois déployer mon errance.

~ Mon sort n'est pas de votre ressort.

~ La merde du voisin d'une consistance si bien pensée qu'un bout de papier suffit à effacer les marques de son passage.

~ Si anodin d'être traité de merde. Si humain si courant si normal.

~ Original est le seul mot que les gens connaissent pour étiqueter ceux qui vivent différemment d'eux.

~ Les valeurs: ce qui prévaut.

~ L'aveuglement et le bon sens (ces deux faces du même gros billet) sont les attitudes les plus répandues.

~ Habiter un corps (grandir jouir souffrir mourir) signifie: être en manque avant de disparaître.

~ Rien ne sert de pourrir il faut mourir à point.

~ Ecrire: affirmation du lieu d'où je perçois le monde.

~ Je pense donc je tri(ch)e.

~ Aphorismes: vérités de langage i.e. hypothèses sur le rapport d'un locuteur à sa langue.

~ Il n'y a pas de quoi rigoler et rien n'est tragique.

~ Un romancier est un preux chevalier qui à force d'affronter ses fantômes apprend à distinguer les causes d'envergure des farces qui finissent en queue de poisson.